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Surveiller maintenantpour assurer l’avenir

Malgré l’impossibilité d’utiliser des pesticides chimiques de synthèse en Jevi, il ne semble pas y avoir d’impasses du côté des ravageurs. Mais une surveillance étroite est indispensable pour ne pas se laisser surprendre par de nouveaux bioagresseurs.

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La surveillance organisée en Jevi permet de suivre les ravageurs inféodés à ces milieux. Connaître les dates de vol ou de ponte, localiser les nids aide à raisonner les interventions. Cette surveillance contribue aussi à détecter de potentiels nouveaux agresseurs, avec des conséquences potentiellement graves dans les milieux agricoles et/ou dans les paysages urbains et naturels.

Des programmes et projets de recherche sont consacrés à la ges­tion des ravageurs en Jevi. C’est par exemple le cas de l’étude PopSurvey. Ce projet, mené par Plante & Cité et l’Inrae, a fait le point sur la situation nationale des pratiques et enjeux liés aux processionnaires du pin et du chêne ainsi que de la pyrale du buis dans les Jevi. Les objectifs de cette étude étaient de mieux connaître ces insectes en étudiant leur phénologie et en établissant une cartographie le plus précise de leur présence sur le territoire national, et de réaliser un inventaire et une évaluation des pratiques de lutte utilisées par les gestionnaires envers ces lépidoptères.

La majorité des ravageurs tolérés en espaces verts

Pour évaluer l’efficacité des outils d’information, de conseil et d’aide à la décision développés par l’Inrae et Plante & Cité au cours des dernières années, une enquête a été menée auprès de tous les professionnels des Jevi (collectivités territoriales, gestionnaires d’infrastructures de transport, de parcs privés, presta­taires de service ou encore orga­nismes d’appui ou de conseil intervenant sur ces ravageurs).

« Les techniques mises en avant par Plante & Cité ont été souvent utilisées d’après les retours de l’enquête », analyse Maxime Guérin, la chargée d’études protection biologique intégrée et gestion de la flore spontanée auprès de Plante & Cité. Les résultats étaient conformes aux attentes. Hormis la pratique consistant à installer des abris pour chauves-souris, peu connue et donc peu employée­,­ alors que les nichoirs à mésanges sont bien utilisés.

L’interdiction de l’utilisation des phytosanitaires dans le cadre de la loi Labbé depuis 2017 n’a pas démuni les gestionnaires d’espaces verts. « Environ 90 % des ravageurs et maladies sont tolérés en espaces verts » confirme Maxime Guérin.

« Le niveau de tolérance a évolué », remarque Jérôme Jullien, expert national en surveillance biologique du teritoire et cultures ornementales à la Direction générale de l’alimentation (DGAL). En général, la pression est compatible avec les attentes esthétiques. De plus, pour les 10 % restants, les solutions chimiques ne sont pas plus efficaces, voire inexistantes, estime la chargée d’étude de Plante & Cité.

Des ennemis potentiels à surveiller

Il y a toutefois des ravageurs à surveiller, car leur introduction et leur dissémination sur le territoire national auraient des répercussions importantes­. Ainsi le scarabée japonais Po­pillia­ japonica fait partie des organismes de quarantaine les plus préoccupants et l’objet d’une attention particulière (lire l’encadré).

« On reste très vigilant sur le nématode du pin », ajoute Jérôme Jullien. Il est présent au Portugal et en Es­pagne depuis quelques années. Sa progression vers le nord est bloquée en partie par les Pyrénées, qui sont une barrière physique, mais il y a un risque le long de la côte atlantique. La bactérie Xylella fastidiosa est elle aussi très surveillée. Dans ce cas très particulier, on ne peut que cons­ta­ter l’importance de l’épidémiosurveillance en espaces verts, étant donné la connexion entre les Jevi et les zones agricoles. Ainsi, les conséquences économiques sur la vigne de la dissémination de X. fastidiosa subsp. fastidiosa pourraient s’avérer désastreuses.

« Comme autre sujet de préoccu­pation, on peut citer certaines noctuelles,dont Spodoptera frugiperda, inquiétante pour la production horticole, le maraîchage et les espaces verts, note Jérôme­ Jullien. Ou l’agrile du frêne, plus nuisible que celui du bouleau, car le premier va s’attaquer à des plantes poussantes. »

La filière des Jevi comprend un total de 86 organismes réglementés (ORE) au niveau européen. Parmi eux, qua­torze sont des organismes de quarantaine prioritaires (sur les vingt au total, toutes filières confondues). La diversité des espèces végétales peuplant les espaces verts crée un réservoir important de ravageurs po­tentiels susceptibles de contaminer à la fois les exploitations agri­coles et les forêts.

Un argument de plus à la faveur d’une surveillance bien organisée du territoire (lire pages 28-29). La moindre observation ou suspicion de ces bioagresseurs et/ou de leurs symptômes est à signaler au Sral (service régional de l’alimentation) de la région concernée.

© L. HESPEL - La pyrale du buis fait partie des ravageurs suivis dans le cadre du programme PopSurvey mis en place par Plante & Cité et l’Inrae.L. HESPEL

© L. HESPEL - La pyrale du buis fait partie des ravageurs suivis dans le cadre du programme PopSurvey mis en place par Plante & Cité et l’Inrae.

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